Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/374

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le malade, au sein de l’obscurité la plus profonde, voit souvent des clartés vives, des feux permanens, ou fugitifs, des objets fortement éclairés, et peints de riches couleurs. Ces impressions ont même quelquefois lieu dans les cas de goutte-sereine, où l’œil est incapable de recevoir directement aucune sensation de lumière. Ainsi, peut-être va-t-on plus loin que la vérité, quand on établit sans modification que l’aveugle de naissance ne peut recevoir, et n’a jamais reçu d’impression lumineuse : l’assertion est plus hasardée encore, quand elle s’applique au fœtus pourvu de deux yeux sains, et dont les nerfs optiques jouissent du genre et du degré de sensibilité qu’exigent leurs fonctions. Mais il ne s’ensuit pas que l’aveugle né, ni même le fœtus, puissent avoir aucune idée de la lumière du jour, et des couleurs que ses rayons et son action simultanée sur l’œil et sur les objets externes, apprennent seuls à comparer et à distinguer : cela, sans doute, est absolument impossible.

Quant à l’organe de l’ouïe, tout le monde sait qu’il peut être affecté de différentes espèces de sons, relatives à l’état du cerveau ou des nerfs en général, et notamment de