Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/391

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celle de la main qui l’approche ; si l’oreille entend les pas, ou la voix de l’homme qui tient la fleur, croit-on que la perception et le jugement du cerveau se borneront à ce que Condillac suppose ? Et puisqu’il est reconnu que le jugement altère ou rectifie les sensations, pense-t-on que celle de l’odeur de rose n’ait pas acquis un nouveau caractère, par le concours des autres sensations simultanées ? Enfin, si le désir rappelle la fleur qui s’éloigne, et qu’elle ne revienne pas ; si, lorsque le désir n’existe plus, elle reparoît, et que ces alternatives se répètent assez fréquemment pour laisser des traces bien nettes dans le cerveau : ne voilà-t-il pas un ensemble de données d’où paroît devoir résulter la connoissance ou l’idée des corps extérieurs[1]? Et quoique la résistance au désir ne soit pas ici la résistance physique au mouvement voulu, n’est-elle pas suffisante, sur-tout se trouvant jointe à plusieurs sensations collatérales de différens genres,

  1. Quoique j’aie quelque penchant à croire que les choses se passent ainsi, je n’ose prononcer définitivement sur cette importante question : mon collègue le sénateur Tracy est d’une opinion contraire ; et son autorité est du plus grand poids à mes yeux.