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les femmes entendent de la bouche de leurs maris le récit de leurs exploits ; et cependant Pénélope n’a rien appris sur la destinée d’Ulysse. Elle est en proie à une vive perplexité. La prise de Troie n’a nullement influé sur son sort ; Ilion a péri pour les autres, mais non pour elle :

Diruta sunt aliis ; uni mihi Pergama restant.

Elle ignore où est son époux, et ne cesse de lui écrire sans pouvoir obtenir aucun renseignement sur le lieu qu’il habite. Son imagination inquiète lui fait supposer un motif coupable à son retard. Ulysse est sans doute retenu loin d’elle par un amour étranger :

Esse peregrino captus amore potes.

Néanmoins Pénélope sera toujours la fidèle épouse d’Ulysse en dépit des poursuivants qui aspirent à sa main. Quoiqu’elle n’ait pour appui qu’un vieillard et un enfant, elle trouvera dans sa vertu assez de force pour leur résister. Elle conjure son époux de ne pas tarder davantage : l’instruction de Télémaque réclame sa présence, et le vieux Laërte attend qu’Ulysse vienne lui fermer les yeux.

On remarque plus de chaleur dans la seconde héroïde que dans la première. Ce n’est plus une femme vertueuse qui accuse les retards de son époux, c’est une amante passionnée qui se plaint de son amant. Démophon, prince grec, avait promis, par des engagements sacrés, de venir, après le siège de Troie, se fixer auprès de Phyllis dans le royaume de Thrace, et depuis quatre mois il avait manqué à sa parole :

Hospita, Demophoon, tua te Rhonopeia Phyllis
Ultrà promissum tempus abesse queror.
Luna quater latuít, pleno quater orbe recrevit ;
Nec vehit Aetæas Sithonis und rates.

La princesse attendait, mais en vain. Pour excuser le retard de son amant, elle maudit tour à tour les vents contraires, et Thésée qui le retient à Athènes. Cependant Démophon ne repa-