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relation


périssaient peu à peu. Cinq chrétiens, qui étaient logés près du rivage, se mangèrent les uns après les autres : un seul survécut, personne n’étant là pour le dévorer. Voici leurs noms : Sierra, Diégo Lopez, Corral, Palacios et Gozalo Ruyz. Les Indiens en furent si scandalisés et si irrités, que certainement ils les auraient tués s’ils s’en fussent aperçus : cela nous mit dans un grand danger. Enfin, en peu de jours, de quatre-vingts hommes que nous étions en tout, nous ne restâmes plus que quinze. Les Indiens furent attaqués d’une maladie d’estomac qui emporta la moitié de la population. Ils s’imaginèrent que nous étions la cause de leur mort, et ils résolurent de nous tuer. Ils venaient pour exécuter leur projet, lorsqu’un Indien, qui me gardait, leur dit de ne pas croire que nous leur donnions la mort, que si nous avions ce pouvoir-là nous empêcherions les nôtres de mourir comme les leurs ; que nous n’étions plus que fort peu, et que personne de nous ne leur faisait de mal,