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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


Le soir j’allai coucher dans la campagne, et fort loin d’eux ; mais ils vinrent aussitôt où j’étais. Ils passèrent toute la nuit sans dormir, et ils me disaient avec beaucoup de timidité combien ils étaient affrayés, qu’ils nous priaient de ne plus être fâchés : que, quand même ils devraient mourir en chemin, ils nous conduiraient où nous voulions aller. Cependant’ comme nous avions toujours l’air d’être fâchés, pour qu’ils ne se rassurassent pas, il arriva une chose fort extraordinaire : dans la nuit, un grand nombre tombèrent malades, et le lendemain huit hommes moururent. Le bruit s’en répandit dans tout le pays : nous inspirions tant de terreur parmi ces gens, qu’ils semblaient craindre de mourir en nous regardant. Ils nous supplièrent de ne plus être en colère, et de ne pas permettre qu’ils mourussent. Ils étaient persuadés que nous les tuions par notre seule volonté, et véritablement nous étions aussi affligés de leur mort qu’on peut l’être ; car, outre ceux que nous