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d’alvar nuñez cabeça de vaca.


sif, et que depuis tant de jours nous souffrions de la famine et des fatigues de la mer, le lendemain nos gens commencèrent tellement à s’affaiblir, qu’au coucher du soleil, tous ceux de ma barque étaient renversés les uns sur les autres, et si près d’expirer, que fort peu avaient le sentiment de leur existence. De tout ce monde il n’y avait que cinq hommes sur pied, et, quand la nuit fut venue, le patron de la barque et moi nous étions les seuls qui pussions manœuvrer l’embarcation. Deux heures après le coucher du soleil il me dit de m’en charger tout seul, parce qu’il se trouvait dans un état qui lui faisait croire qu’il expirerait cette nuit. A minuit j’allai voir s’il était mort, il me dit qu’il se sentait mieux et qu’il gouvernerait jusqu’au jour. Pour moi, il est certain qu’à ce moment-là j’aurais préféré mourir que de voir sous mes yeux tant de gens dans cet état. Quand le patron eut pris la direction de la barque, je voulus me reposer un peu, mais