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relation


cela me fut impossible, le sommeil m’avait tout à fait abandonné. Un peu avant la pointe du jour, je crus entendre le bruit de la mer, car la côte était très-proche et les vagues grondaient fortement. J’appelai à l’instant le patron, qui me dit qu’il croyait en effet que nous en étions peu éloignés. Nous sondâmes et nous trouvâmes sept brasses de fond ; son avis était que nous devions rester à la mer jusqu’au jour ; je pris une rame et je voguai vers la côte, qui était éloignée d’une lieue ; quand nous fûmes près de terre, une houlle saisit la barque et la jeta hors de l’eau à une portée d’arbalète. Le coup fut si violent, que presque tous ceux qui se trouvaient sur le point d’expirer reprirent connaissance. Aussitôt qu’ils se virent à terre, ils commencèrent à prendre courage et se traînèrent sur leurs mains et leurs pieds ; nous nous rendîmes près d’un ravin, nous allumâmes du feu et nous fîmes rôtir du maïs, que nous avions apporté ;