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DEUXIÈME PARTIE


I


Lac de Côme.

C’est moi, — oui, ma bien chère Rosine, et si pour t’arriver ma lettre doit traverser des frontières, elle ne vient pas pourtant de l’autre monde, — je veux dire qu’elle ne vient pas d’outre-tombe. — Et d’abord, pardonne-moi de t’avoir laissé ignorer la vérité, — de n’avoir pas arrêté au bord de tes beaux cils bruns les larmes qui y sont venues à la lecture d’une lettre de faire-part bordée de noir, à la lecture plus cruelle encore d’un article de journal qui racontait la mort d’une brillante jeune femme comme un sinistre public. — Pardonne-moi plus encore… ce que tu ne saurais excuser… ce que je saurais défendre — pardonne-moi d’être restée six mois sans te rassurer, — sans te crier : Non ! je n’ai pas disparu sous la vase noire des bassins du Havre… Non, je n’ai pas péri misérablement ; mais, par un coup d’audace unique, je me suis échappée de la prison sociale ; j’ai conquis l’amour et la liberté !