Page:Cadiot - Elisabeth Verdier.pdf/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maîtresse de maison. Elle mit ses bijoux, prit son éventail et ses gants, donna dans sa psyché un regard sommaire à l’ensemble de sa toilette, et descendit au salon.

Il s’agissait, en effet, pour elle, d’une de ces solennités domestiques qui, en province surtout, donnent la mesure d’une maîtresse de maison ; d’une de ces réceptions officielles qui exigent chez leur organisatrice la présence d’esprit d’un général en chef et le tact d’un diplomate.



II

C’était un coup monté, dit la femme du maire à sa voisine. La petite femme a senti que le terrain manquait sous ses pieds et qu’il fallait s’allier à quelque chose dans le pays ; alors elle se retourne avec éclat du côté du clergé.

— Le général est choqué, reprit la voisine, et à la prochaine occasion je suis sûre qu’il ne reviendra pas.

— Et M. Verdier a jeté un regard mécontent sur sa femme. — Ah ! ce n’est pas avec cette pécore de Parisienne qu’il conservera son influence dans le pays !

M. Verdier était un homme de quarante ans, à peu près chauve, d’une taille, un peu épaissie, d’un visage assez commun, quoique intelligent, fort respecté d’ailleurs dans le pays, non-seulement pour son immense fortune et le pouvoir qu’elle lui donnait, mais pour son propre mérite, son caractère honorable, et aussi