Page:Cadiot - Elisabeth Verdier.pdf/21

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faut, et n’avait pas l’habitude de manifester en faveur du clergé ; sa décision de tout à l’heure lui avait été inspirée naturellement par la logique et le bon sens.

À la réponse de la femme de charge, elle fronça le sourcil. Car si feu sa belle-mère, une prude femme, instruite et confite en toutes les convenances religieuses et sociales, faisait passer le général de division avant l’archevêque, il devait y avoir une grave raison.

— Je crois, ajouta madame Monique, qu’il y a un cérémonial administratif qui règle la hiérarchie des fonctionnaires…

— Eh ! mon mari n’est pas fonctionnaire public, et je n’ai rien à faire avec la hiérarchie administrative, s’écria la jeune femme, blessée des remontrances continuelles qui la heurtaient à chaque pas. — Faites ce que j’ai dit…

Encore une fois la femme de charge se retira toute scandalisée, et, cette fois, le scandale semblait avoir atteint son apogée. On eût dit que madame Monique se demandait si un pareil bouleversement des choses reçues n’allait pas provoquer un cataclysme sur la terre.

Seule de nouveau, madame Verdier se renversa sur sa chauffeuse, tira une lettre de son sein, la relut, et demeura un instant pensive, tandis que le jour baissait ; puis, après une délibération mentale au sujet de cette lettre, que tantôt elle replaçait dans son corsage, tantôt elle approchait de la flamme, Élisabeth se leva, passa dans sa chambre, ouvrit un joli coffret de marqueterie, et sous un sachet parfumé, glissa le billet. Elle ferma le mignon coffret et en prit la clef.

Alors, secouant toutes les préoccupations étrangères, elle parut se donner tout entière à ses devoirs de