considère isolément, je suis bien peu de chose ; mais je croîs dans ma propre opinion à mesure que je me compare. » C’est là la réponse que nous autres soldats faisons à Gio Villani (c’est le nom de l’historien) et à tous ceux qui pensent comme lui. Derniers descendants des vaillants chevaliers d’autrefois, nous sommes fiers de notre noble métier des amies ; nous sentons tout ce qu’il y a de sublime dans le sacrifice de la vie, que nous sommes toujours prêts à offrir, et nous croyons que le dernier de ceux qui portent l’habit de soldat est digne d’égards et de considération. Honte à tous ceux qui en jugent autrement !
Je te salue, ô noble armée d’Autriche, école chevaleresque de preux et de galants hommes ; c’est toi qui reçois dans tes rangs l’étranger que la liberté a chassé de son pays : aussi fut-ce un beau jour pour moi que celui où, chétif enfant arrivé d’outre-mer, pour la première fois j’endossai ton uniforme sans tache.
C’était dans l’année ——, n’importe laquelle, qu’accompagné de mon père, j’arrivai (zu eines Stroms Gestaden, der nach morgen floss[1]) à Vienne, pour m’y enrôler dans l’armée de l’empereur. Un prince, la fleur de la chevalerie autrichienne, m’accueillit avec bienveillance et me reçut dans son régiment.
- ↑ Au bord d’un fleuve qui coulait vers l’Orient. (Schiller.)