Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/22

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J’étais faible et jeune, comme je l’ai déjà dit, et ne connaissais presque pas la langue du pays : aussi n’était-ce pas le cœur léger que moi j’allais voir partir mon père, et que lui allait me laisser, seul et sans appui, dans une caserne de cavalerie et au milieu d’un pays étranger.

L’heure fatale du départ était arrivée ; je devais rentrer dans ma nouvelle demeure, la caserne, — Mon père m’accompagnait. — Pauvre père ! — Il prit cette dernière occasion de me répéter de bons conseils et les règles selon lesquelles je devais vivre pour faire mon chemin dans le monde.

— Mon fils, me dit-il, et ses paroles firent sur moi une profonde impression, c’est de toi et de toi seul que dépend ton succès. Même, si la fortune ne te sourit pas, souviens-toi bien que toute carrière que l’on poursuit avec persévérance pendant vingt ou trente ans, procure un avenir libre de soucis et une vieillesse honorée. Maintenant, adieu. N’oublie jamais que tu portes un nom que tu dois conserver sans tache ; aie toujours l’honneur devant les yeux, et prends pour règle de conduite cette devise inscrite sur le cachet que je t’ai donné : « Fais ce que dois, advienne que pourra. »

Nous étions seuls sur le glacis ; mon père s’arrêta et me serra dans ses bras ; à mon tour je lui dis adieu, et, le cœur gros, quoique l’œil sec — j’avais