Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/73

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et l’on aime certes autrement sous le brûlant soleil de l’équateur que dans les neiges et les frimas du Nord.

Les voyageurs disent que la nature n’a donné qu’à l’Europe la véritable femme, et l’a parodiée ailleurs. « Sans cette attention de la nature, dit un auteur français, la fidélité serait impossible dans les voyages lointains. Les épouses des savants ne permettraient pas à leurs maris d’explorations équinoxales, et la science serait bien ignorante aujourd’hui. Si dans les archipels de l’Océanie on trouvait des Vénus de Médicis succombant devant un grain de verroterie ou un petit miroir de deux pences, les trois quarts des hommes se feraient marins, et l’équilibre social en souffrirait mortellement. » Si les femmes de l’Europe sont les plus belles du monde, les plus laides de l’Europe ne sont pas en Italie. Ici la langue mélodieuse, les soirées ravissantes, et enfin les éclairs qui jaillissent des yeux veloutés ne peuvent manquer de produire leur effet et de vous forcer à aimer.

Je demeurais à N…, dans un palazzo dont, quoique je m’en souvienne fort bien, je ne décrirai pas l’architecture ; je vous dirai seulement que de ma chambre, qui donnait sur le jardin, l’on voyait deux fenêtres et un balcon (qui en Italie dit balcon, dit amour) qui attirèrent mon attention d’une manière toute particulière.