ver odieux le joug de cette douleur qui ne finissait pas. Sans se l’avouer, elle aspirait à sortir de cette atmosphère de deuil. À certains moments, la nature humaine, pleine de sève et de vie, se révolte contre la peine et se refuse aux larmes.
Elle en était là, quand un soir, le grain de sable, cet éloquent grain de sable qui triomphait soudain de toutes choses, vint sonner sur la vitre son impérieux appel.
Elle bondit joyeuse jusqu’à la fenêtre et s’élança dehors, de peur qu’Emmanuel ne voulût entrer. Tous deux coururent vite, jusque dans les allées couvertes, le cœur frémissant d’amour et de bonheur.
« Enfin !… » s’écrièrent-ils en même temps quand ils furent hors de vue.
On était arrivé au commencement d’octobre. Les nuits devenaient fraîches, presque froides, mais qu’importe ! Celle-là fut belle entre les belles. La joie de se revoir sans contrainte, après tant de traverses, fit oublier tout. Ils ne voulurent même pas songer aux moyens d’assurer leurs rendez-vous. C’eût été rappeler le passé ou engager l’avenir.
Deux nuits encore ils renouvelèrent ces promenades : deux nuits éclatantes d’étoiles et de clair de lune ; de ces splendides nuits d’automne où la lumière nage dans la vapeur et semble éclairer les magiques horizons du pays des fées. Peu à peu, ils avaient étendu le cercle de leurs courses. Ils dépassaient les entours du château et traversaient les landes et les