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trente francs à payer demain sur votre succession.

— Parlez-moi des gens vertueux, des gens économes, pour entendre les affaires ! Voilà Naigeot, un caissier, un teneur de livres, un faiseur de chiffres, un maître, en fait de report et de règles d’escompte, qui hypothèque son bien pour vingt-quatre heures, à raison de trente mille pour cent par mois. À ce taux-là, mon bonhomme, je vous propose un an de crédit !

Les pensionnaires de la maison Buneaud écoutaient ces calculs d’un air hébété, et en riant de la facétie des étudiants. Jamais aucun d’eux n’aurait pu prendre au sérieux le calcul par lequel trois francs pourraient arriver à produire en un an de temps trois cent soixante-cinq fois, trente francs.

Quant à Naigeot, il avait suivi en amateur l’opération des étudiants, et il les avait récompensés d’un hochement de tête approbateur.

— À ce compte-là, messieurs, dit il, ce serait vous qui hériteriez ! — malheureusement ce sera trois francs de perdus et voilà tout ! Mais c’est bien vous qui l’aurez voulu au moins !

— Est-il assez désillusionné ce Naigeot ! reprit un tics étudiants en pliant sa serviette, car le dîner était Uni et chacun se levait pour aller à ses affaires ou à ses plaisirs. — Quel mollusque résigné à vivre et à mourir attaché sur la même roche ! Mais, papa, vous avez cinquante ans à peine ! il vous reste de l’avenir, après tout ! Et quand on a trois cents francs de rente, qu’on