Page:Cadiot - Minuit.pdf/101

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— Des bêtises ? mais c’est très-sérieux ! — nous la voulons, nous, cette lettre ; nous la payerons !

— C’est peut-être que monsieur Naigeot trouve nos prétentions trop élevées. — Réduisons-les. Contentons-nous d’un intérêt de mille pour cent de notre apport…

Naigeot restait impassible.

— Moi, je propose de nous cotiser tous, pour retirer la lettre demain matin, à condition que lecture en sera faite à haute et intelligible voix par le patron ! s’écria le plus irrité, par cette stupide indifférence.

— Et moi je souscris pour cinquinte centimes, fit un autre en jetant une pièce de dix sous sur un rond de carafe ; — un rond de carafe en fer-blanc jadis peint en rouge et maintenant tout écaillé. — Allons ! messieurs et mesdames, la main à la poche ! trois francs ! C’est trois francs ! il nous faut trois francs ! C’est encore deux francs cinquante centimes à faire !

L’étudiant se leva et tourna autour de la table, en faisant tinter sa pièce sur la sébille, comme les saltimbanques qui font le boniment devant les baraques des Champs-Élysées. — Les jeunes gens s’empressèrent d’y jeter chacun leur offrande. Les vieux pensionnaires eux-mêmes, sollicités à leur tour, donnèrent machinalement leur sou.

— Noël, messieurs ! nous les avons les bienheureux trois francs ! — Tenez, patron, je les dépose entre vos mains. — À mille pour cent, Naigeot, cela vous fera