Page:Cadiot - Minuit.pdf/116

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qui se faisait en lui, mais déjà son esprit s’ouvrait, à de nouveaux désirs. Il relisait la lettre de son frère, et s’exagérait encore, cette fortune qui venait à lui.

— Ainsi, se disait-il, je suis riche ! — je suis vraiment riche ! car enfin, j’ai là dix mille francs, avec lesquels je puis satisfaire à tous mes désirs… et quand ils seront dépensés, si je veux partir pour l’Amérique, je trouverai, là-bas, une autre fortune toute faite !

Si au contraire j’aime mieux rester ici, je puis les placer en viager… j’en aurais facilement six ou huit cents francs de rente… toutes mes dépenses se trouveraient payées… je pourrais bien vivre, sans m’inquiéter de rien, et, si je travaillais, il me resterait encore du superflu.

Ce serait avoir une jolie petite existence toute faite… oui… — ce ne serait pas être riche !

Mais aussi, je ne serais pas obligé de m’embarquer !…

Ah bah ! j’ai le temps de réfléchir ! Pour aujourd’hui je suis riche !… dix mille francs ! dix mille francs devant soi ! c’est un joli denier ! et je veux dépenser sans compter !

— Buneaud !

Le maître de pension ne répondit pas, sans doute parce qu’il n’avait rien entendu.

Certes ! je leur donnerai à dîner !… et bien ! Je n’ai pas besoin de regarder à quelques bouteilles de vin de