Page:Cadiot - Minuit.pdf/118

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— Des choses chères… des choses extraordinaires…

— Des soles frites ?… des œufs à la neige ? hasarda timidement le maître de pension.

— Mieux que ça !

— Bon ! — un canard aux olives ? du punch ? un potage aux pâtes d’Italie ?

— C’est meilleur ; — mais il ne faut pas craindre de me donner tout ce qu’il y a de mieux. — Je puis payer !

— Dam ! à moins de commander votre dîner chez Chevet…

— Chez Chevet ? — mais pourquoi pas au fait ? — les gens riches commandent-ils leur dîner chez Chevet ?

— Les gens très-riches. — Mais je ne pense pas que vous…

— Précisément si, mon ami. En vérité ce que vous m’offrez ne me convient pas ! c’est vulgaire ! il n’y a pas besoin d’avoir dix mille francs dans sa poche pour mander de cela ! Toutes réflexions faites, j’irai chez Chevet en revenant de toucher mon argent… — faites en sorte, au moins, que le couvert soit mis proprement dans votre baraque !

Et Naigeot sortit sans saluer en faisant claquer les portes.

— Ne dirait-on pas qu’il est millionnaire, avec ses dix mille francs ! murmura Buneaud furieux.

Quand le teneur de livres eut franchi la porte de la pension bourgeoise, et qu’il se trouva sur le pavé de la rue Copeau, avec une traite de dix mille francs dans