Page:Cadiot - Minuit.pdf/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ménard, donnez toujours l’ordre de rentrer les barrages qui sont à la porte, n’est-ce pas ?

Naigeot suivait le commis à travers les magasins, les corridors et les escaliers, sans conscience de lui-même et comme fatalement entraîné. Il n’y voyait plus, et de temps en temps, il se heurtait aux murailles ou aux meubles. La fausseté de sa position, l’incertitude de son sort, la froideur de la réception de sa belle-sœur l’écrasaient. Aussi, pensait-il fort peu à cette nièce, qu’il allait voir, et dont son frère lui avait parlé avec tant d’éloges.

Ce fut à peine s’il remarqua le changement d aspect de la maison, quand il eut quitté les magasins pour entrer dans les appartements. Pourtant, rien ne contrastait davantage avec la simplicité des hangars et des bureaux, que ! élégance et le comfort des étages supérieurs.

S’il avait observé cette différence dès l’abord, il aurait compris qu’une femme jeune et charmante, amoureuse de toutes les délicatesses, devait vivre là, et se plaire à arranger les fleurs des jardinières, à faire babiller les oiseaux rares ; mais il n’avait rien vu, rien regardé, et quand le commis, en ouvrant une porte, le mit en présence d’une jeune Allé d’une beauté éclatante et d’une grâce exquise, il poussa un cri d’étonnement comme s’il se fût tout à coup trouvé transporté dans un autre monde.

— Mademoiselle, dit Ménard, voici Monsieur que madame votre mère vous envoie ; — et qui est, je crois,