Page:Cadiot - Minuit.pdf/146

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me retire du commerce. À ma recommandation, cependant, il est probable que mon successeur vous conservera… J’en puis même faire une condition si vous le désirez.

— Et… dit Naigeot, en croyant à peine ses oreilles, c’est une place de commis que vous m’offrez ?

— Mais que voulez-vous donc ? mon frère.

— Ainsi, reprit-il hors de lui et presque étouffé par la colère, ainsi Dominique laisse une fortune immense, arrive de France après avoir vendu pour venir mon dernier morceau de pain, et je trouve ici le grand livre et le maigre salaire que j’ai quitté à Paris ! et quand vous serez partie, emportant vos millions et emmenant ma nièce, il me restera un abri incertain dans une maison étrangère… loin de France ! — Oh ! non, madame ! Non, cela ne peut pas se passer ainsi !

— Et comment cela se passera-t-il donc, monsieur ? demanda la veuve en le regardant fixement.

— Après tout, madame, je suis François Naigeot, frère légitime de Dominique Naigeot, et je ne dois pas être ainsi, frustré de sa succession.

— Frustré ! allons donc, mon frère, reprit-elle avec calme, vous êtes fou ! Réfléchissez et ne vous emportez pas si vite. Ne commençons pas nos relations par une querelle et voyons ensemble la situation. Vous comprendrez que je fais pour vous tout ce que je puis.

— Ah !…