Page:Cadiot - Minuit.pdf/145

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tremblait, l’angoisse au cœur, et suivait des yeux les nuages qui passaient sur ce front, à l’expression énergique et décidée.

Il éprouvait à la fois de l’impatience et de la colère en voyant, par un caprice de la destinée, son sort tout entier aux mains de cette femme, qui la veille soupçonnait à peine son existence, et que nul lien n’attachait plus à lui.

Quand elle eut achevé de lire, elle tourna plusieurs fois la lettre dans ses mains, avec un visible embarras. Enfin, elle rompit le silence.

— Alors, mon frère, dit-elle, vous venez ici dans l’intention d’entrer dans le commerce ?

— Mais oui… ma sœur, balbutia François la voix coupée par l’émotion.

— Mais savez-vous le commerce ?

— Sans doute, ma sœur, puisque j’ai été pendant trente ans caissier et teneur de livres.

— Ah !… eh bien ! cela pourra vous servir. Évidemment avant peu, vous trouverez une position sociable.

— Je trouverai ! s’écria-t-il, en bondissant de dessus son siège, comme si une machine électrique l’eût touché. — Je trouverai ! qu’entendez-vous par là ? — En venant dans la maison de mon frère, sur son invitation, je croyais n’avoir qu’à m’y établir !

— Sans doute ; et tant que je resterai moi-mème à la tête de cette maison vous y avez une place assurée. Mais, je marie ma fille à l’expiration de son deuil et je