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famille. La sœur de madame Naigeot vint avec son mari. C’était aussi une femme intelligente et forte, qui avait conduit jadis d’importantes affaires et qui s’associait volontiers aux mesures courageuses. Moitessier se montra grave et affectueux pour tout le monde, Louise fut triste en voyant cette solennité presque funèbre, car les deux commis amenèrent le notaire de la maison.

— Mes amis, dit la veuve, je vais faire mon testament. Mais de grâce, ne vous persuadez pas que vous êtes à mon enterrement. Je ne me suis jamais mieux portée qu’aujourd’hui ; cependant par ce temps d’épidémie il faut tout prévoir. — Je veux, si un malheur m’arrivait, que mes affaires soient en ordre. Grâce à Dieu ! ajouta-t-elle en riant, les testaments n’ont jamais fait mourir personne.

Ces gens habitués à traiter sérieusement la vie, à manier leur fortune et celle des autres, se mirent promptement à l’unisson de madame Naigeot. Tout sentiment pénible disparut. On causa simplement de la liquidation de la maison Dominique Naigeot et de la manière de faire rentrer à Louise toute la fortune de son père et de sa mère. Naudin, Ménard et Charles Moitessier, s’entendirent sur les moyens d’exécution comme sur une affaire qui les regardait uniquement. Ensuite on passa aux arrangements de famille. Madame Naigeot exprima la volonté que sa fille épousât Charles Moitessier immédiatement, dans le cas où elle viendrait