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légers sifflements du vent dans les combles ou dans les couloirs.

Et il n’est pas à dire ici, que les esprits simples et naïfs soient les seuls à trembler et à se serrer près de l’âtre ; tous sont égaux devant une même émotion ; les intelligences supérieures, en présence de faits inexplicables, se sentent, comme les autres, plus que les autres même, atteintes par la terreur.

Elles éprouvent toutes les sensations du vulgaire, et c’est justement parmi ces organisations d’élite, que l’on trouve le moins d’incrédules aux faits surnaturels. Cette vérité reconnue s’explique aisément, du reste, car au fond de ces histoires poétiques, gracieuses ou terribles, il y a autre chose que des superstitions de nourrice ou des contes bleus de grand’mère : il y a l’Inconnu.

L’Inconnu !…… De notre part, cette parole n’exprime ni la superstition ni l’incrédulité, car elle réserve tous les droits de la raison confondue, et répond à toutes les aspirations de la foi, vers le monde des choses éternelles.

Que savons-nous, en effet, de nos existences primitives et de nos existences finales ? Félicité ou malheur, suivant notre conduite ici-bas, voilà ce que nous enseignent tous les dogmes religieux. Mais, par quels degrés s’élève-t-on sur l’échelle sainte ou descend-on vers la porte de la cité maudite  ?

Se souvient-on, au-delà de la vie, de ceux que l’on a aimés ou haïs sur la terre ?… Les sentiments innés de l’âme rendent le doute presque impossible.