Page:Cadiot - Minuit.pdf/170

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La fin de la phrase se perdit dans un cri poussé par quatre voix différentes. Tout à coup, la pirogue disparut engloutie par un remous, et l’écho répéta le bruit sinistre de la chute de plusieurs corps dans l’eau.

Il y eut un instant de morne silence. Le fleuve violemment entrouvert se referma en bouillonnant. Un bateau retourné, et des rames reparurent à la surface comme les épaves d’un sinistre.

Puis un homme se trouva seul dans le petit canot, Il saisit une rame et cingla vers la terre.

Cette fois il ne laissait point errer son embarcation au hasard ; il ramait droit et ferme et comme s’il eût craint d’être poursuivi.

À peine avait-il gagné quelques longueurs, qu’il fut violemment arrêté dans sa course. Un cri de détresse avait traversé l’air et deux mains crispées s’accrochaient au bord de son canot.

Il chancela, comme s’il eût été appréhendé au corps par le bourreau lui-même.

— Mon frère… mon frère… au secours ! criait la veuve en se débattant encore contre le courant.

Naigeot la regarda avec des yeux injectés de sang, hésita un instant… une seconde !… Puis il leva son aviron, lui en asséna un coup violent sur la tête, poussa le corps au fond du fleuve et reprit sa fuite plus rapide encore,

. . . . . . . . . . . . . . .

Quand il fut près de la terre, il chercha des yeux une