Page:Cadiot - Minuit.pdf/175

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mière ne brillait à travers les fentes. Était-ce la livrée du deuil ou celle du sommeil ?

Un moment il eut l’idée de frapper pour réveiller les domestiques à tout hasard.

Mais comme il allait achever de vaincre son effroi, il sentit ses vêtements frôlés comme si quelqu’un eût passé à côté de lui.

— Pourquoi, diable, ne rentrez-vous pas, Ménard ? disait avec impatience la voix de Naudin. — Nous laisserez-vous coucher dehors ?

— Les clés sont restées là-bas dans ma poche d’habit, répondît Ménard… il fait bien froid !

— Où est madame Naigeot ?

— Toujours là-bas… elle arrivera la dernière, sa tête lui fait tant de mal !

Naigeot tomba à la renverse et perdit connaissance.

Quand il rouvrit les yeux, il était petit jour. Déjà le bruit commençait dans la ville ; les portes s’ouvraient et se fermaient, les charrettes roulaient, les industries matinales s’agitaient ; la vie renaissait et, autour de la maison, les nègres enlevaient les volets des magasins.

Les idées commencèrent à arriver une à une ; puis les souvenirs apparurent comme de menaçants fantômes. Il se redressa soudain pour s’enfuir, aiguillonné par la terreur.

— Eh ! bon Dieu ! que faites-vous là ? mon cher monsieur Naigeot, s’écria Ménard de sa bonne voix franche et joyeuse en apparaissant sur le seuil de la porte.