Page:Cadiot - Minuit.pdf/174

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Cette fois Naigeot put retourner la tête et il regarda derrière lui.

Il vit distinctement à la lueur du gaz Ménard et Naudin qui traversaient la rue bras dessus, bras dessous.

Ils marchaient en causant ; quand ils eurent détourné la rue, Naigeot recouvra l’usage de ses jambes pour courir à leur poursuite.

— Suis-je fou ? se disait-il, sont-ils vivants ? ai-je vu des fantômes ?

Mais lorsqu’il arriva au coin de la rue qu’avaient prise les deux commis, il ne vit plus rien que les ombres des réverbères sur la chaussée.

Minuit sonnait.

— C’est de l’hallucination, c’est du vertige ! s’écria le malheureux, qui s’affaissa sur une borne sans oser retourner chez le magistrat.

— Est-ce bien eux ? ne les aurais-je pas tués ? pensa-t-il tout à coup avec un mouvement de joie… — Mais non ! j’ai entendu la chute de leurs corps dans l’eau.

Ils ont crié… j’ai frappé la femme de mon frère qui me suivait à la nage…

Une ronde de nuit fit résonner le pavé de la rue sous ses pas mesurés. Naigeot s’enfuit au hasard sans regarder devant lui.

Quand il s’arrêta, il se retrouva avec stupeur à la porte de la maison de son frère. Ce plus profond silence régnait. Tous les volets étaient fermés et pas une lu-