Page:Cadiot - Minuit.pdf/187

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dresse terrible et menaçante au fond de toutes les consciences, ont quelque chose de si solennel que nul ne résiste, alors, à l’entraînement de la religion et au besoin de la prière.

Quand la Toussaint, cette dernière belle fête de l’année, a jeté au vent les sons joyeux de ses cloches lancées à toute volée, quand elle a éparpillé sur les marches de l’autel les pétales de ses pales chrysanthèmes, et doré d’un rayon de soleil les feuilles devenues rares qui festonnent encore la cime des arbres, on n’entend pas sans une émotion étrange le glas funèbre des premières vêpres des morts. Tout à coup, les pensées riantes s’éteignent au fond du cœur, et les crêpes de deuil qui voilent le sanctuaire semblent envelopper jusqu’à l’âme du chrétien.

C’est pourquoi, au moment où commence cette histoire, le recueillement était profond parmi les fidèles de Cologne. Le prédicateur venait de descendre de la chaire, et le prêtre officiant donnait la bénédiction du Saint-Sacrement. Toutes les têtes étaient baissées, un religieux silence régnait dans l’église, et la clochette que le diacre agitait de temps en temps, réveillait seule l’écho sous les voûtes basses et massives.

L’église de Sainte-Ursule était peut-être, à ce jour et à cette heure, l’enceinte bénie la plus propre à éveiller des pensées d’éternité dans les âmes rêveuses et poétiques.

Le jour à son déclin filtrait au travers des vitraux