Page:Cadiot - Minuit.pdf/188

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coloriés des lueurs pâles qui s’harmoniaient à la lumière tremblante des cierges, pour envelopper tonte la scène d’une sorte de clarté douteuse, fugitive et phosphorescente. Certaines parties de l’église, plongées un instant dans une ombre épaisse, semblaient tout à coup s’illuminer, et surgir de l’obscurité pour montrer à l’œil étonné de l’observateur des silhouettes inattendues et presque fantastiques. L’ombre des personnages cachés au fond des chapelles latérales ou appuyés le long des piliers, paraissait subitement s’allonger ou se raccourcir outre mesure ou faire sur la muraille des grimaces étranges. Tantôt, on aurait cru voir des gnômes hideux s’agiter, impatients et taquins, dans les coins de la basilique, comme des damnés poursuivis par Satan ; tantôt, des anges étendant leurs ailes pour s’élancer vers les deux comme des esprits bienheureux appelés vers leur dernier séjour ; tantôt enfin, des fantômes capricieux et changeants, comme doivent être ceux des âmes en peine qui sont condamnées à une expiation temporaire.

Les ossements humains qui encombrent l’église des onze mille Vierges, et la rendent une des plus curieuses du monde chrétien, ajoutaient encore au fantastique aspect de cette veillée des morts. Les ouvertures, ménagées dans les murs épais, laissaient voir des monceaux de reliques entassées qui semblaient être les véritables piliers de ces massives catacombes. Il y a, là, des générations entières jetées pêle-mêle dans la poussière, dont les âmes évoquées tout à coup par la fête des