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vilége d’éveiller en nous l’étonnement et la terreur ; certains sentiments de l’âme, certains drames intimes des passions humaines, produisent souvent un effet plus profond et une impression plus ineffaçable que les visions lugubres ou surnaturelles.

Comme nous le disions plus haut, c’est l’Inconnu, surtout, qui attire les imaginations amoureuses du merveilleux et les esprits observateurs ; un fait inexpliqué, ou même un sentiment qui ne rentre pas dans la classe des sentiments généralement compris, appelle l’étude des hautes intelligences, comme un problème de géométrie réputé insoluble, appelle les recherches des mathématiciens.

Quoi de plus saisissant qu’une tentation ?

Quoi de plus effroyable qu’un remords ?

Quoi de plus terrible qu’une maladie mentale ?

D’ailleurs, dans toutes les branches du savoir humain, le cercle de nos connaissances est bien vite parcouru ; et les secrets de la nature se posent si rudement comme des bornes à tous les points de notre horizon, que c’est un besoin pour l’esprit, de franchir ces colonnes d’Hercule et d’effacer l’inscription de l’ignorance : Rien au-delà !

Ces réflexions nous nous les sommes faites souvent, et devant les faits extraordinaires et certaines traditions universelles de l’humanité, toujours le redoutable « que sais-je ? » de Montaigne, est venu les arrêter court.

Chaque récit fantastique nouveau les évoque,