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chaque événement surnaturel leur donne une pâture.

Il y a peu de temps encore, par une longue veillée de la Chandeleur, elles nous sont revenues plus tenaces que jamais à l’occasion d’une anecdote curieuse et presque contemporaine.


Nous étions cinq ou six, assis autour d’un modeste foyer, buvant le thé, grignotant des gâteaux et causant de cette bonne causerie française qui se rencontre surtout dans l’intimité.

Notre amphitryon, ou plutôt notre amphitryone, car nous étions chez une dame, appartenait à cette race bientôt perdue, dont les femmes savaient être aimables à soixante ans comme à vingt-cinq, et trouvaient encore moyen de retenir près d’elles une cour empressée, quand depuis longtemps la beauté et la jeunesse avaient disparu.

Mme J. L. est la fille d’un ancien conventionnel influent. La position de son père, et la réputation littéraire de sa mère, qui comptait parmi les femmes d’esprit, au temps du Directoire, lui ont fourni l’occasion de connaître, dans son enfance, la plupart des individualités illustres ou excentriques de la fin du dix-huitième siècle, et du commencement de celui-ci.

En héritant du talent de sa mère, elle a continué aussi de vivre dans le monde littéraire de l’Empire et de la Restauration, et elle doit à cette existence, plus remplie encore qu’elle n’est longue, d’être au-