Page:Cadiot - Minuit.pdf/198

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— Oh ! ne crains rien, on ne te l’enlèvera pas ! nul seigneur ne sera assez hardi pour épouser Isobel la ressuscitée…

— Qu’est-ce à dire ? s’écria Franz d’une voix tremblante.

Et, le cœur du pauvre jeune homme battait avec une violence étrange, il battait à la fois de terreur et de joie ; car, il se disait que, si un secret redoutable couvrait l’existence de sa bien-aimée, du moins nul n’était son rival.

— Viens avec moi, je te conterai cette histoire, qui serait incroyable, si tous les contemporains n’en avaient été les témoins.

Maître Sturff prit le bras de Franz, et l’entraîna à travers les rues sombres, étroites et désertes de Cologne. Il faisait nuit, et c’était à peine si quelques rares bourgeois attardés éclairaient encore la route de leurs lanternes vacillantes. Maître Sturff demeurait loin, sans doute, de l’église des onze mille Vierges, car ils marchèrent longtemps avant d’arriver à son logis.

C’était une maison solitaire, bâtie en larges pierres détaillé, et percée, sur la façade extérieure, de fenêtres irrégulières et étroites qui lui donnaient presque l’aspect d’une forteresse. Cette maison inspirait au vulgaire une sorte de respect mêlé de terreur, car elle avait été habitée quelques années auparavant, par Cornélius Agrippa.

Sturff avait été longtemps l’ami du célèbre magicien