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Mullingen, fils d’un marchand nouvellement établi à Cologne, se distinguait par une intelligence précoce et active, une âme généreuse et noble et un courage à toute épreuve. Livré dès les premières années de sa jeunesse à des rêveries philosophiques et mystiques qui l’avaient entraîné dans les régions des rêves, et ; préoccupé des questions scientifiques alors à l’ordre du jour, il s’était tout d’abord rapproché de l’élève de Cornélius Agrippa.

Ce n’était point que le visage froid et sardonique de maître Sturff attirât bien vivement sa sympathie, ni qu’il se sentît d’abord la moindre inclination pour avoir, en aucune occasion, recours aux sciences occultes ; mais, à ses yeux, Sturff était le représentant d’une série de génies trop passionnément contestés, pour n’avoir pas droit à une observation sérieuse.

La recherche de l’étudiant avait flatté maître Sturff, qui ne pouvait s’empêcher de lui donner une large part dans ses affections. Il suivait, avec une joie secrète, les progrès de cette jeune intelligence et se sentait ému par les premières explosions d’une âme véritablement passionnée. Bientôt, il en vint à n’avoir plus qu’un désir : celui de s’attacher pour toujours le jeune étudiant ; qu’une pensée : celle de l’associer à ses recherches, et à ses travaux.

— Allons, un peu de courage, mon cher Franz, s’écria Sturff en voyant l’espèce de tremblement convulsif qui avait saisi le pauvre amoureux depuis ses dernières pa-