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C’était dans ces magnifiques appartements, que maître Sturff avait établi ses pénates, le plus commodément du monde.

Après avoir traversé une grande salle de réception tendue de cuir de Cordoue et une bibliothèque toute boisée en chêne sculpté et remplie de bas en haut des livres les plus rares et les plus curieux, Franz arriva tout émerveillé dans la chambre à coucher de son ami. C’était une vaste pièce tendue de tapisseries de haute lice et toute brodée de sculptures dorées, autour des corniches et des solives du plafond. L’alcôve s’enfonçait à gauche dans un mystérieux demi jour, et laissait à peine entrevoir les chatoyants reflets de ses courtines brodées de soie. Le parquet, arrangé eu mosaïque, dessinait les figures les plus capricieuses, et dans la configuration de tous les meubles la sculpture avait revêtu les formes les plus bizarres, les plus fantastiques et les plus propres à faire travailler l’imagination.

Maître Sturff s’enfonça dans un vaste fauteuil en tapisserie, devant un feu clair et pétillant qui éclairait entièrement la chambre à lui seul ; puis, il invita son hôte à prendre possession d’un siège pareil en face de lui, et commanda à son valet de leur apporter quelques flacons d’un généreux vin de France.

Le valet obéit avec cette dextérité miraculeuse qui avait déjà surpris l’étudiant. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, il avait placé entre les deux amis un guéridon de bois sculpté soutenu par une