Page:Cadiot - Minuit.pdf/214

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d’être poursuivi. Quand il fut couché dans sa chambre et dans son lit, quand il eut bien tiré les verrous, il fit comme les enfants, il cacha sa tête sous ses draps et invoqua Dieu et les anges, tandis qu’un tremblement convulsif agitait ses membres.

— Allons donc, de par Dieu ! Franz, mon bel ami, quitte cette figure sinistre, s’écria maître Sturff, en interrompant son récit par un éclat de rire. Eh mais ! comment est-il possible que tu entendes pour la première fois l’histoire d’Isobel dans un pays où on la conte à toutes les veillées ?

— Je n’ai pas veillé assez souvent avec les bourgeois de Cologne, mon maître, pour savoir leurs contes bleus. Mais, grâce à vous, je n’ai rien perdu, car je doute qu’aucun d’eux sache ainsi manier J’épouvante ou torturer un cœur. Vous avez, pardieu ! bien choisi votre moment, et vous me faites passer ici une veillée des morts dont je me souviendrai !… — Ne touchez point trop fort à celle que je saurais défendre cependant ; car, vous le savez… j’aime Isobel de toutes les forces de mon âme.

— Je t’ai dit, Franz, que j’étais ton ami ; — et, quant à l’histoire d’Isobel, d’autres que moi te la diront. — Nous en étions, je crois, au moment de sa résurrection…

Kraupt ne s’éveilla qu’au grand jour. Quand il vit le soleil emplissant sa chambre d’une lumière dorée, il secoua ses souvenirs comme un mauvais rêve. Ramené