Page:Cadiot - Minuit.pdf/221

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les yeux sur son hôte. Deux grosses larmes roulaient sur les joues enflammées du pauvre étudiant, et on entendait presque, à travers le calme de la nuit, les pulsations de son cœur.

— Allons ! allons ! du courage ! mon enfant, mon ami, dit en lui serrant la main l’héritier d’Agrippa ; si je n’avais pas eu la prudence de te conter cela, d’autres l’eussent fait un jour… trop tard peut-être…

— Après ? demanda machinalement l’étudiant sans sortir de sa torpeur.

— Après quoi ?

— Achevez-moi l’histoire d’Isobel !

— En bien ! Isobel et Ulrich vécurent comme mari et femme, châtelain et châtelaine. On s’étonna bien d’abord dans le pays de cette résurrection, et, sans les disputes de religion qui commençaient alors à occuper tous les esprits, messieurs les docteurs se seraient mêlés de cette histoire. Mais la noble dame faisait de larges aumônes, envoyait aux couvents de belles châsses. En sorte qu’on la tolérait, moitié par crainte, moitié par reconnaissance.

Peu â peu, d’ailleurs, en s’accoutumant à la voir, on cherchait à expliquer sa réapparition par des moyens naturels.

Les uns, ceux qui n’avaient pas vu le corps de madame Isobel exposé en chapelle ardente, disaient qu’elle n’était point morte réellement, mais qu’elle s’était ab-