Page:Cadiot - Minuit.pdf/222

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sentée pendant quelques temps, à la suite d’une querelle avec le sire de Linkenberg.

Les autres soutenaient qu’elle était bien morte, en effet, mais que le baron avait épousé en secondes noces une sœur jumelle qu’elle avait et qui lui ressemblait.

Nonobstant ces explications, nobles et vilains fuyaient de tout leur cœur le manoir de Linkenberg. Nul ne se souciait, d’entrer en relations avec la châtelaine. En vain Ulrich déployait-il un luxe royal ; en vain faisait-il venir ses cuisiniers de France et ses vins de tous les pays du monde ; quelques jeunes seigneurs aventureux osaient seuls franchir le pont-levis du château pour voir Isobel la ressuscitée.

Elle était bien belle pourtant madame Isobel ! Certes, il n’était point dans tout le pays une femme digne de lui être comparée, ni parmi les nobles dames ni parmi les bourgeoises.

Et comme elle savait faire de son château un féerique palais ! Et comme elle arrangeait dans ses cheveux tressés les perles de Golconde et les diamants de Visapour ! Et comme sur ses robes brillaient les plus riches couleurs ! Et comme dans ses voiles se jouaient des paillettes d’or !

Quand un hôte arrivait, le château tout entier se parait de fleurs le jour et s’illuminait le soir. Partout, sur les créneaux et les tourelles, sur les terrasses et le long des portes à ogives, couraient des flammes rouges et bleues, ou bien des guirlandes diaprées.