Page:Cadiot - Minuit.pdf/228

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Quand on la voyait dans ses robes blanches apparaître derrière les donjons tapissés de lierre comme un génie des vieux temps, ou traverser les chemins ses voiles au vent, on l’accompagnait des yeux avec le regret de ne pouvoir la suivre, et l’esprit rêveur courait après elle.

Il y avait au château d’Irrenfels un jeune comte, grand chasseur, qui, plus souvent que tout autre, descendait le Rhin pour voir madame Isobel se promener sur le fleuve au gré du courant. Il l’aima bientôt…

— Comme toi, pauvre enfant, comme tous les autres … avec folie !

Il voulut même en faire son épouse, malgré tes conseils de tous ses parents… Mais, madame Isobel refusa longtemps d’accepter sa main. Elle se plut à le rendre fou d’amour par ses damnables coquetteries, l’entraînant sans cesse sur ses traces, s’amusant à l’enivrer par ses prestiges pour décevoir toujours ses ardents désirs.

Tantôt, elle fuyait sous les chênes épais du Niederwald, où se donnaient rendez-vous tous les esprits fantastiques de l’Allemagne ; et le comte Henri rencontrait, dans les sentiers tortueux des sylphes taquins, qui s’amusaient à lui jeter les branches d’arbre au visage ; au milieu des clairières, des fées menteuses qui en agitant leurs écharpes bleu-de-ciel lui faisaient croire qu’il atteignait la lisière de la forêt.

Tantôt, elle lançait sa barque sur le Rhin à l’heure où