Page:Cadiot - Minuit.pdf/231

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Mais il releva tout à coup la tête aux dernières paroles de maître Sturff, et le regardant en face :

— Dites-moi, maître, s’écria-t-il, sur votre honneur, tout ce que vous venez de me dire est-il vrai ?

— Sur l’honneur !

— Vous ne vous êtes pas joué de moi ? vous ne vous êtes pas plu à me créer des fantômes et des terreurs ?…

— Non !

— Eh bien ! tant mieux ! reprit l’étudiant en bondissant de son siége. Tant mieux ! car je puis alors obtenir d’elle un regard, une pensée ! — Qui sait même ? si, comme vous le dites, elle est abandonnée de tous, si les nobles seigneurs s’éloignent d’elle avec effroi, peut-être aimera-t-elle l’humble étudiant qui lui donnera son sang, son cœur et sa vie…

— Franz, Franz ; mon fils, tu es fou ! — Assieds-toi et reste là.

— Adieu, maître ; adieu, reprit le jeune homme en s’élançant vers la porte sans rien vouloir entendre… — Je cours à Linkenberg me jeter à ses pieds, obtenir son amour et mourir.

Mais, avant que Franz ait pu atteindre la porte, Sturff l’avait saisi d’une main puissante et forcé à se rasseoir.

— Tais-toi ! reprit-il avec énergie. S’il faut user de force pour te retenir, j’en userai : mais je ne te laisserai point échapper pour courir à une mort certaine… Tu