Page:Cadiot - Minuit.pdf/232

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es mon enfant d’élection, j’ai attaché mon cœur et mon esprit à toi, et, je ne souffrirai pas que tu te jettes en pâture à ce monstre, qui vit de sang humain !

— Si tu me retiens aujourd’hui, j’échapperai demain ; si tu me retiens demain encore, j’échapperai dans deux jours, dans trois jours, à un moment quelconque enfin, et dès que je pourrai !

— Mais, mon ami, ne vois-tu donc pas que cette créature n’est pas une femme ? quelle appartient à une autre race que la tienne ?… Ne sens-tu pas que tu ne peux la posséder sans mourir ?

— Eh ! qui te parle de la posséder ? — Tu ne songes qu’à de grossiers et charnels désirs, et tu ne conçois pas l’amour qui m’enivre. Qu’elle me regarde seulement, qu’elle m’aime et me le dise, c’est tout ce que je veux d’elle, tout ce qu’il me faut de cette immatérielle créature…

— Pauvre fou ! murmura affectueusement le maître, pauvre fou !… Vous en êtes tous là, jeunes rêveurs de vingt ans !… Cette femme pâle, à l’œil noir et aux cheveux d’or, que tu aimes et dont tu ne veux qu’une parole et un regard, n’est-ce pas l’illusion qui vous dévore et vous tue, tous tant que vous êtes ?… Ah ! beaucoup l’ont aimée, beaucoup l’aimeront peut-être encor cette beauté fantastique qui les a tués ou les tuera !…

Et, pourtant, il est en Allemagne des jeunes filles chastes et charmantes faites pour les rendre heureux et