Page:Cadiot - Minuit.pdf/256

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aurez mal entendu… Mais, quelquefois on peut être frappé d’un événement comme celui-là ; et il y aurait bien de quoi !… Car c’est chose horrible à penser, messieurs, que dans notre pays, avec la gendarmerie, le ministère public et toutes les garanties de la civilisation, on puisse venir assassiner un bourgeois tranquille dans sa maison, lui prendre son argent et s’en retourner chez soi ou ailleurs, les mains dans ses poches, sans que personne ne vous voie, sans qu’aucun indice ne vous désigne, sans que toutes les justices du royaume trouvent autre chose à rendre, à la société lésée, qu’un arrêt de non-lieu !

L’œil fixe, les lèvres tremblantes, rouge à croire qu’il allait tomber d’apoplexie, Manoquet murmura :

— Eh bien ?

— C’est désolant, en vérité, reprit le maire, mais que voulez-vous ? — on a fait toutes les recherches possibles et l’on n’a rien découvert. — Savez-vous quelque chose ? — Non, n’est-ce pas ? — Eh bien ! alors, ne parlons plus de cela, car ce n’est pas gai. Quant à moi, j’avoue que je ne rentre plus chez moi sans une certaine terreur.

— C’est naturel… — Voyez-vous, il y a une chose certaine : c’est que l’assassin est du pays, c’est qu’il connaissait le père Mornaix et ses habitudes, car pour être allé déterrer l’argent derrière la glace du salon, il fallait bien qu’il fût sûr de son fait.

— Vanvré ! mon cher ami, votre voisin est vraiment