Page:Cadiot - Minuit.pdf/257

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malade, s’écria l’adjoint en désignant Manoquet du regard.

En effet, les yeux du propriétaire lui sortaient de la tête, sa respiration était arrêtée sur ses lèvres, ses mains tremblantes laissaient tomber les dominos.

On venait d’apporter le punch, Hannequin lui en offrit un verre ; mais le malheureux essaya vainement de le porter jusqu’à ses lèvres ; ses bras refusaient leur service. Tout à coup il jeta le verre dans la glace qui était en face de lui et la fit voler en éclats.

Les consommateurs attardés qui restaient dans le café levèrent la tête avec une exclamation d’étonnement ; la dame du comptoir se précipita vers la table des quatre joueurs, et les trois partenaires s’élancèrent au devant de Manoquet devenu furieux.

Mais, avant qu’ils aient pu l’arrêter, leurs verres saisis par Manoquet avaient cassé trois autre glaces.

Et un instant le tumulte fut à son comble. Les passants entraient dans le café, les garçons enlevaient tous les projectiles, carafes, demi-tasses, queues de billard ; le maire revêtait son écharpe, V adjoint s’efforçait à la fois de contenir le furieux et d’apaiser la foule : la dame du comptoir pleurait.

À travers le bouleversement, Manoquet hors de lui, cherchait une issue pour la fuite, mais la sollicitude d’Hannequin, lui enleva toute possibilité de s’échapper.

Après le premier émoi, quatre bras vigoureux le saisirent et l’assirent de vive force sur une banquette. On