Page:Cadiot - Minuit.pdf/258

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lui fit avaler des verres d’eau sucrée à l’éther, on lui posa des compresses d’eau froide, on lui frappa dans les mains ; mais tout fut inutile. Chaque morceau de glace répétant son image lui causait un nouvel accès de fureur ; il traitait ses amis de bourreaux et réclamait mille fois la guillotine en échange d’un semblable supplice.

Enfin, à bout d’efforts, ses trois compagnons le lâchèrent.

Il s’élança d’un bond hors du café et se mit à courir dans la direction de sa demeure.

Vanvré, le maire et l’adjoint, sortirent quelques minutes après lui, et le suivirent à distance.

On pense bien que cet étrange accès donna lieu à mille commentaires. Hannequin avoua que M. Vanvré avait raison, et que l’esprit de son respectable ami Manou net était peut-être dérangé. Le maire se contenta d’affirmer l’aliénation et de reconnaître qu’il allait se trouver bientôt, sans doute, dans la fâcheuse nécessité de faire renfermer son plus considérable administré. Quant à Vanvré, fidèle au système qui des effets le faisait remonter aux causes, il répétait une fois de plus, que l’assassinat mystérieux du père Mornaix était un événement inouï et bien capable de déranger la cervelle d’un honnête homme.

Après vingt minutes de marche et de conversation, les trois acteurs de l’étrange scène du Café de la Mairie s’arrêtèrent à une petite distance du logis de Manoquet