Page:Cadiot - Minuit.pdf/264

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d’argent entre les mains de ce bonhomme ?… Il a soixante-dix ans, il va bientôt mourir !

« Mourir !… Si le père Mornaix mourait, en effet, qui diable serait lésé au monde ? — Il n’a point de femme, point d’enfants, point de belle maison, qui serait dépecée après sa mort pour licitation entre majeurs et mineurs…

« Mais où serre t-il son trésor ? »

Et, insensiblement, mû par une attraction indéfinissable, Manoquet resserrait son cercle autour de la maison isolée. On n’entendait point de bruit, les jalousies étaient closes. À travers l’une d’elles, filtrait un rayon de lumière. Manoquet s’approcha… machinalement…

Dans la pièce qui servait de salon, Mornaix se promenait à grands pas.

Il était seul, et semblait en proie à un combat violent.

De temps en temps il s’arrêtait devant la glace de la cheminée et y restait immobile.

Cependant il était évident qu’il ne s’y mirait point.

Ses yeux erraient avec inquiétude autour de lui ; il semblait craindre d’être vu devant cette glace et brider de s’en approcher.

— L’argent est là, se dit Manoquet.

« Pourtant, si tout autre que moi, monsieur Manoquet ancien maire et bourgeois considéré de la ville d’A***. si quelqu’ambitieux dans la misère, voyait là ce vieil