Page:Cadiot - Minuit.pdf/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la poitrine, avait rendu le dernier soupir sans pousser un cri.

Alors, Manoquet saisit le couteau allongé de sa victime et s’élança dans l’ombre au-devant de la servante, tUne lutte de quelques minutes, des cris bientôt expirants dans la gorge percée d’outre en outre de la malheureuse fille, puis des soupirs étouffés et la chute d’un corps lourd sur le carreau annoncèrent que le premier crime n’aurait pas de témoin.

L’assassin retourna au salon, perça de quelques coups de couteau le corps déjà sans vie du malheureux Mornaix, remit précipitamment dans la cassette les rouleaux d’or épars, saisit le trésor, renversa la lampe, et s’enfuit à travers les ténèbres.

Qui aurait eu l’idée de se promener à cette heure-là par les chemins ? qui aurait pu voir Manoquet rentrer chez lui sans bruit par une porte dérobée ?…

En arrivant à pas de loup dans sa chambre, son premier soin fut de cacher la cassette sous les matelas de son lit ; puis il tomba épuisé sur un fauteuil.

Il prit sa tête dans ses mains sanglantes comme pour contenir sa cervelle prête à éclater.

Puis, il bondit sous les premières atteintes de la terreur, et songea à examiner ses habits, qui devaient être tachés de sang, et à faire disparaître toute trace de son crime.

Mais, chaque mouvement était pour lui l’occasion d’un nouvel effroi : le frémissement des rideaux de son