Page:Cadiot - Minuit.pdf/275

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— On dit que c’est ce vieux grippe-sou de Mornaix qui achètera les Barbettes !

— Ah !… Mais comment voudrais-tu que je le sache ?… Pourquoi me demandes-tu cela ? balbutia-t-il.

— Mais, comme tu es sorti tard hier au soir, tu aurais pu voir des gens qui te l’auraient dit : on est bien venu me le dire à moi !

— Je suis sorti tard ?… mais non… mais non… tu as des visions… — Ne va pas répéter cela, au moins !

— Bon ! que tu es sorti hier ? Si c’est un secret je ne le dirai pas : c’est bien !

Manoquet respira : le crime n’était pas connu encore, et le spectre n’était point visible à tous les yeux.

— Bah ! dit-il, il ne les tient pas encore les Barbettes, le vieil avare… et il lui faudra monter haut l’enchère s’il veut me les arracher !…

— Tu achètes donc ? s’écria madame Manoquet au comble de la joie, en sautant sur les genoux de son mari. — Mais comment as-tu fait pour trouver l’argent ?

— Bon, bon, ne t’inquiète pas ; on payera !

— Mais alors c’est donc que tu avais de l’argent caché… quelque magot que tu me dissimulais ? — Allons, avoue, avoue.

— Peut-être bien, répondit Manoquet, que la perspective d’être propriétaire de cette terre tant désirée, grisait au point de lui faire tout oublier.

— Quel bonheur ! quelle joie ! quelle surprise ! Pour le coup nous allons être les premiers partout… Tu seras