Page:Cadiot - Minuit.pdf/277

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rondissement, et je vais bravement acheter la propriété ! Il me manquera une dixaine de mille francs pour le paiement, mais ma foi ! quand une fois l’acte sera fait, ton oncle Bajac les prêtera. J’ai une combinaison en vue qui fera de l’argent… et il faudrait du malheur pour que tout ne soit pas remboursé dans l’année. — Voilà mon affaire, ma biche ! fit Manoquet enchanté de son arrangement. Maintenant, ne cause pas !

Madame Manoquet était trop sincèrement ravie pour ne pas se contenter de cette explication. Elle se leva et lâcha la tête de son mari qu’elle n’avait point cessé de caresser, bichonner, flatter et embrasser.

— Allons, maintenant il faut s’habiller, déjeuner et courir à cette adjudication vite et tôt ! — Moi j’irai ce soir sur le Cours. — Fais ta barbe !

Cette proposition fit tressaillir Manoquet de la tête aux pieds.

— Bah ! ce sera pour demain, dit-il.

— Pour demain ? es-tu fou ? Depuis quand ne fais-tu plus ta barbe tous les jours ?

— Pour une fois !…

— Oui, et on le remarquerait. On dirait : Manoquet était tellement troublé aujourd’hui qu’il avait oublié de faire sa barbe ! Allons donc ! du courage !

— Laisse moi tranquille.

— Tiens, voilà ton savon préparé ; regarde comme il mousse ! voilà tes rasoirs, voilà ton miroir. — Allons,