Page:Cadiot - Minuit.pdf/284

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Un jour, quelques semaines après l’acquisition des Barbettes, mademoiselle Élisa exprima te désir de voir cette belle propriété et d’y pendre la crémaillère. Manoquet accueillit avec joie cette demande, qui le rattachait à la vie par son orgueil de propriétaire, et sa femme fut heureuse d’un projet qui semblait promettre au malade une distraction… salutaire peut-être !

On partit donc en famille, et l’on admira d’abord ces beaux mouchoirs à bœufs, comme disent les propriétaires campagnards, qui entouraient les fermes et la maison d’habitation. Ou supputa le produit des récoltes ; on goûta, pour ainsi dire, la qualité de la terre ; on admira la beauté des arbres, le bon entretien des bois, la sage distribution des semailles, avec l’enthousiasme de connaisseurs habitués à la comparaison.

En approchant de la maison, tout devint une joie nouvelle : les vergers Étaient riches, les arbres fruitiers d’un l)on rapport ; l’étang paraissait bien empoissonné. Et puis, il y avait des fleurs, des jets d’eau, des bancs de gazon, des kiosques de verdure, ces mille gloires de propriétaire, enfin, qui font d’une maison de campagne la première d’un arrondissement, et de son heureux possesseur l’objet de l’envie générale.

On entra d’abord dans un élégant vestibule que précédait un perron de quelques marches ; ensuite, dans une vaste salle à manger où les fermiers préparaient un repas fourni par le poisson des étangs, la volaille des basses-cours et les fruits des jardins ; puis Manoquet