Page:Cadiot - Minuit.pdf/292

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M. Garraudot était le médecin d’A***, qui venait sans avoir été appelé.

Il avait appris, disait-il, l’indisposition subite de monsieur Manoquet, et il venait offrir ses soins habituels.

Cette visite fut, en même temps, pour madame Manoquet un soulagement et une inquiétude ; elle tremblait de mettre son mari à l’épreuve des questions du docteur. Cependant, elle ne pouvait pas refuser de l’introduire sans qu’un tel relus parût suspect. Chaque incident pouvait acquérir un sens décisif, dans cette lutte où tout était piège et écueil.

— Mon mari est dans sa chambre et dans son lit, docteur, dit-elle ; soyez le bien venu, j’allais vous envoyer chercher ; car, ajouta-t-elle à voix basse, j’ai bien peur que le pauvre homme n’ait la tête malade.

Le médecin traversa le salon pour aller à la chambre de son client. Madame Manoquet entra avec lui et entrouvrit les rideaux du lit.

— Mon ami, dit-elle à son mari, en le regardant de ce regard fixe qui dompte les fous, voici le docteur Garraudot qui vient vous voir.

Manoquet se souleva sur son séant avec un mouvement d’effroi. — Pourquoi faire ? demanda-t-il d’une voix entrecoupée ; qu’il s’en aille… je… je n’ai pas besoin de médecin.

— Allons, mon ami, laissez-vous soigner, reprit-elle en appuyant sa main sur l’épaule du malade, pour lui