Page:Cadiot - Minuit.pdf/294

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par un magnétisme suprême la dernière lueur de raison. — N’est-ce pas mon ami ? ajouta-t-elle.

Mais, Manoquet se tordit comme un ver sous ce regard ; ses mains tremblèrent, ses dents claquèrent, ses lèvres s’agitèrent pour murmurer des paroles qui mouraient dans sa gorge.

Et, plus le vertige le gagnait, plus sa femme dardait son regard et appuyait ses mains, comme si en serrant cette tête égarée, elle pouvait la défendre de la folie.

Un cri strident sortit enfin de la poitrine de Manoquet.

— Va-t’en… va-t’en… fit-il ;… tes yeux… tes yeux aussi sont des miroirs !!…

Et il retomba inerte et raide comme un cadavre.

Elle se releva et laissa retomber les rideaux sur le visage décomposé de son mari.

Des larmes de désespoir roulaient sur ses joues. Elle était vaincue.

— Eh bien, docteur ? dit-elle.

Le docteur se promenait à grands pas dans la chambre, le front pensif, les sourcils froncés.

— Eh bien ! madame, je viendrai le saigner demain.

Il prit son chapeau et fit quelques pas pour sortir.

Puis il revint :

— Madame, reprit-il à demi-voix, mais assez haut pour être entendu du malade, on parle beaucoup dans la ville des visions de M. Manoquet, Et, dois-je vous le