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tés du centre gauche, comme on disait alors, beaucoup de candidats à toutes les positions sociales enviées de ceux qui ne les ont pas ; quelques artistes, des gens célèbres à n’importe quel titre dans cette zône parisienne, qui s’étend entre l’Odéon, les faubourgs Montmartre et Poissonnière, la porte Saint-Denis et la Madeleine.

La mariée était une jeune et gracieuse personne de vingt-six ans à peine ; plus agréable que jolie, plus élégante que bien faite ; une vraie Parisienne, médiocrement pourvue par la nature, mais dont le monde et l’éducation avaient fait une délicieuse femme. Elle paraissait souverainement heureuse de la nouvelle union qu’elle venait de contracter, et, parvenait à peine à voiler la franchise de son bonheur, sous le masque souriant et tranquille d’une maîtresse de maison qui reçoit.

Monsieur Rouvières allait et venait dans les salons, se mêlait à tous les groupes et parlait à tout le momie comme un homme qui prend possession de sa maison, de sa société, et d’une position longtemps désirée peut-être. Il pouvait avoir de trente à trente-cinq ans. Il n’était ni plus beau, ni plus laid que les conventions sociales ne permettent à un homme de l’être ; sa figure était intelligente et ses manières distinguées. Demi-avocat, demi-littérateur, poëte à l’occasion, philosophe quelquefois et causeur spirituel toujours, on concevait facilement qu’il pût plaire et que madame de Marneroy renonçât pour lui à sa liberté de veuve.